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Poèmes de jeunesse

                              Encore que,

 

Si ton être m'indiffère, lui qui m'était si cher,

Si maintenant je te repousse, je me demande encore que

Si jamais tu me pardonnes cette futile parole en l'air,

Je préfère ne pas en rajouter, histoire de bien t'occulter.

 

Si mon silence te désespère, laissons place à cette requête,

Car ces mots feront grand bruit, je les entends déjà retentir, 

Si ambigu était ton maître, tu m'as plus que bien asservi,

Je ne t'aime plus, j'en suis rendu, je ne t'aime pas, j'en suis malade. 

 

Si je te dis restons en là, c'est peut-être que j'en suis las,

De souffrir d'un mal amer qui me ronge et me dérange,

Si c'est frustrant de n'être plus rien, dis toi bien que ce n'est rien,

Je suis le mâle, tu es le bien mais j'ai trop mal d'être si bien.

 

Car ta personne me désarçonne,

Au point où je ne sais où nous en sommes,

Si tu ne sais pourquoi j'écris, tu sais déjà ce que je crie,

L'amour de l'autre tellement unique, que j'en deviendrais presque inique.  

                              Le mendiant

Approchez ! Pitres gens, voyez donc mon argent,

Souriez ! Complaisants, satisfaits de vos présents.

Vous croyez de si peu me contenter le mieux,

D'une pièce main tendue me croyant heureux.

Je les vois vos regards qui trop souvent se cachent,

Attendant au passage que cela me fâche.

Vous pensez véhéments que je suis trop feignant,

Oubliez mes enfants que je ne suis qu'un plaignant.

Injurieux quelquefois, puis d'autres généreux,

La conscience arrêtant vos pas si harmonieux.

Repartez, crapuleux penser à vos enfants,

Puis si indifférents aux malheurs d'un mendiant.

                                      Pour toi 

C'est comme dans ce puis où l'on va que la nuit,

Pour porter ce regard aussi sombre qu'hagard 

Car c'est en ces lieux que tout me parait épars,

Je ne veux, je ne puis, toi, t'oublier ainsi.

C'est comme ce chemin où l'on va par ennui,

Pour traîner ses malheurs, si bien qu'il se fait tard,

Et recouvre mes sentiments à ton égard,

La nuit. Je sais qu'elle est là pourtant je te nuis;

Tu n'as pas cœur d'airain et le mien est diaphane, 

L'on y voit mon amour qui jamais ne se fane,

Pour toi; j'irais choir vers tous ces corps que je fuis.

Pourquoi tant de rimes qui ne veulent rien dire,

Pourquoi tant de mots qui ne veulent pas sortir,

Pour toi; je construis ce chemin et ce puits.

La voûte céleste m'englobe et ce corps si frêle,

Ni de je, ni de rien je me méfie de mes pensées,

Pensées avides, mon cœur se vide et suis sensé 

Maudites rancœurs puisqu'un monde se querelle. 

 

En avant les phrases toutes faites, en avant les entrefaites, 

Je joue de vous comme des mots et rien ne vaut ce culte

Si ridicule que j'ai pour vous, si moi pauvre inculte

Je vous maudis, je vous envie et pars de là faire la fête.

A quoi l'on sert ? A être lu par des élus, voilà que j'endure,

Vous me lisez, vous m'élisez mais êtes partout enlisés

Comme accrochés à mes pensées, mais tous ces corps paralysés

Vous ramollissent les muscles, l'esprit et n'êtes qu'un fracas d'ordure.

 

Réagissez à tant d'injures et oubliez que j'ai existé,

Je donne des ordres à ce désordre, j'approche de Dieu,

Je suis aux Dieux et je me plais à être odieux,

Allez partez je vous connais, laissez-moi seul dans mon linceul.

Je parcours de mes mains ce corps si onduleux 

Qu'est le tien qu'est le mien et n'en formons plus qu'un. 

Je m'étends près de toi et reste silencieux, 

Afin de percevoir ton souffle qui s'éteint.

Je t'enlace dans mes bras pour que jamais se lasse

Notre amour si unique et puis si magnifique.

Je t'enlève à tes rêves si jamais t'embrasse, 

Pour voir enfin sourire ton visage séraphique.

Je découvre ce corps et puis couvre ce cœur,  

D'un amour éthéré sorti de la pénombre.

Je m'enfuis dans tes bras et use de ta douceur,

Afin de déterrer cet amour né de l'ombre.

Je sommeille près de toi et te glisse à l'oreille,

Tous ces mots harmonieux qui composent ce poème.

Je m'endors contre toi et attends le réveil,

Pour te dire à nouveau ces mêmes mots, je t'aime.

Tes airs pudibonds sont punis pour de bon,

Lorsque sur la glace se dessine ton visage,

Alors tu vois ton corps; et ton âme en présage

Que les vers te rongeront avec ce sourire capon.

Entendras-tu le chuchotis du vent dans tes narines,

Ou bien le pas d'un passant qui lira ton épitaphe,

Adieu à ton âme, ton beau sera cénotaphe,

Pourriras-tu alors comme toutes ces vermines;

Tu ne peux en prédire et je ne suis pas d'accord

Que tu emportes ces mots pour toi au paradis,

Car d'ici part l'enfer, alors moi j'en dis

Que si tu n'as pas l'âme, ne mérite pas le corps.

Assez embrassé les rimes qui deviennent suivies,

J'apprends mon métier comme toi méprends la vie,

Avec ce corps rebelle qui toi te rend si fière,

Puis ton âme erre belle dans les coins du cimetière.

 

 

C'est dans ce jardin que le poète arrose,

Et même s'il ne fait beau, un peu toutes les roses

Pour que chacune admire ses vers libres moroses,

Celui-ci est triste de ne pouvoir écrire en rose.

Apprenez saisonniers que tout poème est chanson,

Qui à travers siècles se répandent à l'unisson;

Je ne suis connaisseur que de mes vers et sons,

Aussi loin du cyprès, mais enfouis dans les buissons,

J'écoute...

C'est dans son lit vert qu'une feuille de laitue,

S'arrache de son nid vert, et pour nous toute vertu

De croire que l'on nait poète au milieu des tortues,

Alors dansons l'hiver avant que l'été nous tue.

J'ai soufflé les bougies et me voilà l'envieux,

Des cadeaux, des surprises et me voilà assise

Près du feu, c'est un lieu que je vous précise,

L'étincelle dans leurs yeux et voilà l'an vieux.

Le sapin illumine ce monde acheminé,

Et c'est l'heure ! Minuit de raconter la fable

A tous ceux qui depuis ont la joie ineffable,

De mentir sur ce mythe de la cheminée.

Je caresse leurs cheveux et jamais en démords,

Ces visages pas si sages je les emprunterai,

De ma main silencieuse et les présenterai

A ma chère connivence, que eux appellent la mort.

Le propre de l'homme est de se montrer abject,

Envers une famille dont il se sent contrit.

De ne point l'aimer, ses états d'âme l'affectent,

Désolé, je suis, mais c'est ses pensées qu'on trie.

Laissez moi vous conter cela juste pour rire,

L'histoire d'un homme qui laisse famille pourrir;

Honteux qu'il est, ce poème il écrit,

Sans être obséquieux, ni même vanter les cris

Qu'il entend pourtant et qui restent indicibles,

Et qui longtemps dans l'âme seront irrémissibles.

Ne soyons pas encenseurs, et encore moins les censeurs,  

D'une guerre fratricide qui le laisserait sans sœur.

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